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À l'intention de personne au monde...
31 juillet 2015

Les poignées de sable

J’ai souvent l’impression que la majeure partie de ma vie défile comme des poignées de sable qu’on laisse couler dans le creux d’une main repliée. Chaque grain est une chance que je ne retiens pas, ou ne peux pas, ou qu’on ne m’autorise pas.
Ma nature est celle d’une sauvageonne dans un corps plutôt inactif et un intellect de dyslexique, chose qui, de mon temps à l’école, était peu reconnue et admise.
D’ambidextre, sans doute gauchère, je suis passée droitière sous l’autorité de ma mère, quand j’avais six ans. Cela m’a valu la disparition d’un joli talent pour le dessin, découvert à la maternelle dans un hôpital. J’utilisais les deux mains simultanément. Génial, non ?! De toute manière, chez moi, c’était ma sœur l’artiste. Il ne fallait pas lui faire de l’ombre… Je devais me trouver un autre don que celui dans lequel Ariane excellait.
Je me console en me disant que si un écrivain comme John Irving est dyslexique, pourquoi ne pas écrire des bouquins aussi à ma dimension. Au Diable, les complexes et les considérations des autres, hein ! Le drôle dans tout ça, c’est qu’aujourd’hui je deviens experte en fautes d’orthographe, et les autres, à force de lire et écrire, et grâce à ma formation au métier de correcteur dont je ne me sers que pour moi-même. Finalement, il suffit de se concentrer et beaucoup aimer sa langue, avoir des dictionnaires près de soi et surtout se fier à la logique qu’on tend à mépriser de nos jours. Et aussi, mes amis, avoir l’art de s’engueuler quand il le faut, et aussi accepter d’avoir bon quand c’est réécrit des dizaines de fois.
Mes études ont pâti de ce handicap supplémentaire que personne ne remarque, à l’exception de mes défauts d’élocution qui en découlent. J’en ai souffert beaucoup, en ai nourri ma honte, et cela dure toujours. Mais ça va quand même mieux maintenant.
Je me suis comprise toute seule, en voyant combien j’apprends mieux par moi-même. C’est un peu comme si je traduisais à mon monde intérieur ce que je reçois de l’extérieur. Et il ne m’en faut pas trop. J’ai une tête dure, autant que l’estomac avec la nourriture, à digérer la culture. Je n’aime pas ne pas comprendre, et qu’on ne me laisse pas le temps d’analyser et d’assimiler ce qu’on me dicte de faire et de penser. Je déteste obéir sans sentir, et tout plein de choses comme ça. Et, j’ose le dire, je ne trouve pas ça si mal.
Je me suis mise tard à l’écriture. J’avais dans les quarante ans. En toute modestie, mais oui ! je vous dirai que je peux m’en remercier aujourd’hui. C’est un régal de pouvoir faire quelque chose d’assez équilibré enfin, du moins quand c’est possible. 

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À l'intention de personne au monde...
  • Il s'agit d'articles sur un futur livre dont le titre sera celui du blog. Mon nom, bien qu'ayant appartenu à une femme du Moyen Âge, est fictif. En fait, je suis le personnage clé de l'ouvrage en construction.
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